A 10h, le travail individualisé s’organise.
Il y a un faible « rendement » de l’enseignement collectif, l’enfant ne travaille efficacement qu’individuellement ou en équipe réduite (binôme). Dans la classe traditionnelle tous les élèves doivent faire la même chose en même temps : les élèves rapides s’ennuient vite, il faut attendre ceux qui ont besoin de plus de temps, les plus lents transpirent ! L’enseignant se règle sur une moyenne qui ne favorise qu’une petite partie de la classe.
Dans une classe il y a autant d’élèves que de 
niveaux. En individualisant le travail, chacun peut aller à son rythme dans les travaux et les acquisitions ; pour cela, il nous faut prévoir d’autres formes d’organisation et de contrôle. Nous y parvenons à l’aide de nos plans de travail, de nos plannings et des bilans en fin de journée.
Le travail individualisé, c’est l’enfant face à son contrat de travail. Avec le travail individualisé, les élèves ne font pas tous la même activité en même temps, mais 
chacun s’organise, chacun sait ce qu’il a à faire en se guidant avec son plan de travail. L’élève peut aller à sa vitesse, il peut se situer et s’évaluer (voir bilan de fin de journée).
Je veille à la gestion du temps. En Conseil, pour aider un élève qui prend du retard, un autre s’adresse à lui : » Moussa, tu passes trop d’temps à faire ton dessin, j’le sais pace’que t’es à côté de moi à la table… », une fille lève le bras : « maîtresse on peut prendre le minuteur pour Moussa ? ». Interpellée, je demande : « quelle est ton idée Marie ? » « On met l’minuteur sur 10 min et quand ça sonne y fait aut’chose.. ». C’est ainsi que le minuteur de cuisine qui nous sert à la table des sciences, est utilisé par certains comme garde-fou.
Pratique de classe :
Ensemble tous les matins nous remplissons le plan de travail pour organiser le travail de la journée (CP) et de la semaine (courant CP – CE1) nous décidons de : qui fait quoi, qui cherche quoi et où, comment et avec qui … Tout cela est noté également dans des plannings muraux pour que la classe se repère.
Dans un « plan de travail », les activités sont représentées par des symboles. Celles à faire sont signalées par un point. Après l’avoir daté, chacun remplit son plan de travail individuel : on met un point dans les cases qui indiquent les travaux obligatoires de la journée.
J’annonce au groupe : « Aujourd’hui vous mettez un point dans la case « j’écris » (une histoire libre ou un compte-rendu de recherche ou une lettre, suivant les projets de l’élève et les engagements qu’il a pris…), et je consulte la liste affichée des projets et engagements pour rappeler à certains ce qu’ils ont prévu de faire, puis on met un point dans la case « je lis » (dans un livre de contes ou un album, ou un document dans un des livrets de la bibliothèque documentaire ou du courrier c’est-à-dire une lettre ou le journal reçu d’une autre classe…), « je dessine » (un dessin « libre » ou un dessin scientifique lié à une recherche ou décoration d’une lettre avant de la mettre sous pli… ), « je fais une fiche de français » généralement ce sont des exercices qui reprennent les découvertes et notions vues le matin pendant le travail collectif de lecture/écriture, ces exercices peuvent être auto-correctifs, « je fais une fiche de maths » ce sont des reprises systématiques des découvertes révélées dans les recherches lues à la classe.
Les fiches proposées dans le travail individualisé peuvent être auto-correctives.
L’élève se contrôle seul, c’est une première conquête de l’autonomie. Cela libère ainsi l’enseignant du rôle de surveillant et permet à cet enseignant de s’occuper à des tâches utiles au groupe : aider ici et là, préparer le matériel, être plus au service des élèves par de la disponibilité. La seule obligation de l’élève : me montrer la fiche remplie que je « signe », avant de la coller dans son grand cahier de travail.
Le semainier, qu’est-ce que c’est ?
Près du coin des fichiers (français et math), est affiché le semainier : quatre grandes pochettes en carton sont alignées sur le mur, sur chacune sont écrits les jours de la semaine. En fin de journée ce lundi, pendant le ménage, dans la pochette « LUNDI », l’élève responsable du semainier y range les fiches de français et de maths du jour. Les élèves qui n’ont pas fait ce travail pourront le lendemain, y retrouver la fiche d’exercices du lundi qu’il faudra faire avant de commencer la nouvelle journée. En fin de semaine, le responsable vide les pochettes.
C’est le contrat minimum de travail pour la journée, en réalité, les élèves prévoient des activités en plus, à cause de leurs engagements (imprimer pour le journal, répondre au courrier, aider, faire sa responsabilité…), par désir (jouer aux petits chevaux, aller dans un club, faire de la pâte à modeler…), à cause de leurs projets (fabriquer un serpent, un moulin, faire une expérience…).
Une fois un travail terminé et visé par moi, l’enfant barre le point d’une croix.
A la fin de la journée, au moment du bilan, les activités inachevées sont entourées d’un cercle et devront être terminées le lendemain avant de commencer la nouvelle journée.
C’est au moment des bilans (à 16 h) que s’organise l’entraide pour ceux qui ont pris du retard : des élèves joueront le rôle de tuteurs le lendemain.
Pour apprendre à se servir de son plan de travail personnel les premiers jours au CP, toute la classe se guide collectivement avec un grand plan de travail affiché au tableau. Nous faisons ensemble les travaux obligatoire et symbolisons ce qui vient d’être fait et ce qui reste à faire. Cette gestion du travail est collective pendant une semaine, puis les enfants passent au plan de travail individuel.
Enfin, quand tous sont familiarisés avec cette organisation (en décembre au CP), nous utilisons un plan de travail hebdomadaire, voici la traduction des pictogrammes :
Des règles discutées en Conseil aident à la gestion du plan de travail, deux règles s’imposent : « tout travail commencé doit être fini et signé par la maitresse avant d’en commencer un autre », « tout travail terminé doit être classé », c’est-à-dire collé dans le grand cahier ou exposé ou posté ou rangé (cahier de travail, boîte des histoires, boîte du courrier, table des expositions, murs de la classe…).
Grâce à ce planning individuel et hebdomadaire, daté et rempli, nous organisons ensemble le travail de chaque journée : en examinant un par un les projets qu’il faut avancer et les responsabilités dans lesquelles on s’est engagé (répondre au courrier, imprimer pour le journal, trier des documents pour une recherche, ranger la bibliothèque…).
Le plan de travail permet à chacun d’organiser son travail de façon autonome.
Le plan de travail est collé dans le grand cahier de travail de l’élève.
Dans le grand et l’unique cahier, il y a : les textes corrigés, les dessins, les fiches d’entraînement, les créations personnelles, la lettre de son correspondant, les chansons…
Cette précision pour indiquer que les élèves ne se dispersent pas dans plusieurs petits cahiers.
Ce grand cahier de travail rend visible tout ce qui se passe par jour et dans la semaine pour chacun (c’est un cahier de travaux pratiques, grand format, un élève en remplit trois dans une année au CP, et quatre en CE1).
C’est en remplissant le plan de travail qu’on peut décider avec qui travailler.
La plupart du temps l’entraide est naturelle parce que les enfants aiment travailler à deux, se montrer les exercices, comparer leurs résultats…
- des élèves décident de travailler seuls,
- d’autres vont se mettre à deux,
- certains vont être accompagnés par un élève-aidant qui fera son propre travail tout en guidant le copain qu’il faut seconder,
- parfois nous serons en grand groupe pour un projet commun à tous, comme par exemple la lecture de la grande lettre que nous envoient nos correspondants.
Le plan de travail individuel est aussi un outil d’évaluation pour l’enfant : il lui sert à faire le point sur sa journée. Je peux ainsi estimer le travail d’un élève, sa rapidité, ses difficultés et le groupe-classe peut faire des propositions d’entraide au moment des bilans.