L’évaluation

Les classements et les notes sont source d’humiliations.

L’école actuelle interdit la coopération des élèves, elle enferme chaque enfant dans sa solitude face aux épreuves imposées : la violence ordinaire entre enfants et l’obligation de travailler mécaniquement. Son travail est noté et il est identifié par ses notes et classé parmi les siens. La reconnaissance du groupe se fait à travers le regard que lui porte l’institution : il y a le « bon », le « mauvais » ou le « nul ».

Ces jugements « tuent » un enfant, sa vie à l’école peut être un enfer. La honte à l’école est un marqueur puissant pour la suite et entraine une véritable dégradation de l’image de soi.

Il faut abandonner impérativement le système des notes, des classements,

inventer d’autres types d’évaluations plus justes.

  • Dans ma classe, l’évaluation est quotidienne et se fait au cours des bilans à 16h : on a fini ou on n’a pas fini et l’entraide s’organise.
  • L’évaluation se fait aussi pendant la lecture des textes et le travail collectif qui s’ensuit : je visualise, grâce au procédé Lamartinière, qui sait faire, qui ne peut pas faire encore, je le note : « dans la journée revoir tel chose avec x ».
  • L’évaluation se fait aussi en feuilletant le grand cahier de travail où tout est centralisé : les plans de travail qui témoignent du travail de l’élève, sa rapidité, ses difficultés (les corrections ), la qualité du graphisme, l’organisation des collages des fiches de travail et des textes écrits par l’élève, le soin dans les pages, les initiatives dans les décorations, y a-t-il des pages « sautées »…
  • Une évaluation tous les trois mois…

Une évaluation trimestrielle. Sur une feuille A4, j’ai écrit des rubriques :

  • est-il responsable ? (est-ce que je peux avoir confiance ?),
  • ses conduites dans le travail (respecte-t-il ses engagements ? sa générosité pour l’entraide),
  • son sérieux et sa concentration,
  • sa participation aux travaux dans les recherches,
  • ses performances, que fait-il à l’écrit et en lecture ?
  • que sait-il faire en mathématique ?

Je remplis la feuille « d’évaluation » d’un élève en m’asseyant à côté de lui.

Je décris, avec l’enfant assis à mes côté, dans les rubriques, le profil de l’élève pendant les trois derniers mois.

Je regarde avec lui les progrès visibles, en feuilletant son grand cahier de travail, nous nous arrêtons sur certaines pages et regardons les lectures qu’il a aimées, l’exactitude des tracés géométriques… On se met d’accord sur ce que je vais écrire, l’enfant lit mes mots pendant que j’écris. Je n’écris pas s’il n’est pas d’accord, je trouve alors avec lui une autre manière de parler de son travail et de son comportement avec les autres, à la fin nous sommes toujours en accord.

 

 

Je mets deux jours dans la classe pour faire les évaluations de mes 25 élèves, toujours en m’asseyant à côté de chaque enfant, et prenant le temps de l’écouter parler de son travail et de sa vie avec les autres….

Ce bilan est collé dans le grand cahier de travail, il est signé par moi, par l’élève et par ses parents.

 

 

 

 

 

 

Quand j’avais une classe de CM2, pour l’entrée en 6ème il fallait présenter des listes de notes. Mes élèves n’ayant jamais eu de notes, je présentais à la Commission les cahiers : on y voyait le travail fait, les réussites, les faiblesses et les progrès, et je pouvais parler de chacun avec précision. C’était dans les années 75, le jury était à cette époque bienveillant et ouvert.

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